(Re)tour du monde, du rêve à la réalité

Après le tour du monde, on fait quoi ?

Tic tac, tic tac, l’avion atterrit. On peut retourner en arrière svp, j’étais pas vraiment prête…

Il est 14h32, je sens les roues de l’avion se poser sur l’asphalte. Je jette un coup d’oeil par le hublot, ça y est, on a bel et bien atterri. Je ne comprends pas encore tout à fait ce qui se passe. On est de retour, on retrouve avec beaucoup d’émotions nos familles et nos amis. On se sent tout à coup soulagés et heureux d’avoir tant de confort. Mais après… on fait quoi ?

Hier encore

Ce matin, je me trouvais à Nairobi. J’ai empaqueté mon sac pour la 300 ème et dernière fois, me demandant comment j’allais bien pouvoir faire tenir toutes ces affaires dans un si petit sac. Ce sac fut ma maison pendant 13 mois, il en a vu des vertes et des pas mûres. Chaque jour, je me disais qu’il était trop lourd, trop gros, trop cassé, mais certainement pas trop petit. Ça, non ! Je l’ai porté, je l’ai subi, et je l’ai apprécié, car partout où je le posais, c’était ma maison. Voyager m’a appris à devenir une citoyenne du monde. Je me sens bien entendu toujours française (et même un peu belge parfois ^^), mais je sais que je pourrais être heureuse partout où je décide d’aller.

Hier encore, mon quotidien consistait à m’émerveiller devant tout ce que je voyais, à planifier mes trajets, trouver un endroit où dormir et apaiser mon estomac. Aujourd’hui, je suis de retour chez moi. Tout ce dont j’ai besoin pour me nourrir se trouve dans mon frigo, et j’ai même une cuisine pour fristouiller. C’est le grand luxe ! En prime, un étage complet du frigo est occupé par du fromage, je pourrais difficilement rêver mieux ! Et mon activité principale consiste désormais à chercher de nouveaux projets pour combler le manque cruel d’activité.

Ô ennui

Les expériences de notre vie nous forgent et nous façonnent. Si je suis partie un an, j’ai pourtant l’impression d’avoir vécu 5 ans dans une dimension parallèle. J’ai vécu pendant 13 mois continus des expériences exceptionnelles, plaisantes, hors du commun, terribles, palpitantes, déconcertantes. Quand on est loin de tout, des gens qu’on aime et qu’on manque de confort, tout est plus intense. J’ai oublié ce que signifiait le mot ennui. J’ai découvert la véritable signification de bien d’autres mots, j’ai fait le plein d’émotions inconnues, mais (presque) jamais je ne me suis ennuyée. Et devinez qui a rappliqué le bout de son nez à mon retour ? Vilaine claque en pleine tête, l’ennui a débarqué dans ma vie comme si de rien n’était. Et ça, c’est la pilule qui a le plus de mal à passer.

Non, rien n’a changé, et pourtant…

C’est très étrange de retrouver exactement la vie que j’avais mise de côté durant ces 13 derniers mois. Même appart, même quartier, mêmes amis, même galère de recherche d’emploi. Finalement, rien n’a changé. Et pourtant, je ne suis assurément plus la même personne que celle qui est partie en mai 2018. En 13 mois, j’ai appris à vivre avec peu de choses, à me concentrer sur l’essentiel et à apprécier une certaine forme de simplicité. De retour dans notre appartement, la première chose qui m’a d’ailleurs sautée aux yeux est à quel point nous vivions dans un environnement chargé. Le tri opéré lors du déménagement n’avait pas suffit. Je me suis directement attelée à la tâche et j’ai allégé considérablement notre intérieur, j’ai repeint pour apporter plus de lumière… Bref, j’ai recréé un environnement qui correspondait à nos nouveaux « moi ».

Mon nouveau moi, c’est aussi un moi beaucoup plus responsabilisé et impliqué pour la sauvegarde de notre planète. Ce que je tolérais encore avant de partir me semble aujourd’hui inconcevable. Et je ne suis pas la seule. Ce serait faux de dire que rien n’a changé, car je vois bien qu’autour de moi, les gens ont aussi changé. L’urgence climatique est réelle, et les communautés se réunissent petit à petit. C’est bien, mais maintenant, c’est à nos politiciens de prendre de véritables mesures.

Rentrer pour mieux repartir

Je suis le genre de personne qui pense déjà au voyage suivant quand elle se trouve dans l’avion qui l’emmène en vacances. Ai-je imaginé faire un deuxième tour du monde un jour ? La réponse est oui, et la liste de pays est déjà prête. Étais-je en train de me renseigner sur trois nouvelles destinations lors de l’escale de notre vol retour de tour du monde ? Evidemment ! Et pourtant, aujourd’hui, je n’ai plus envie de partir. J’ai la sensation d’avoir un estomac rempli auquel il faudra du temps pour digérer. Il me reste 7 mois de photos de voyage à traiter sur Lightroom, et je n’ai même pas commencé à me pencher sur les vidéos. Un travail qui me paraît sans fin, et qui constitue un voyage à lui seul. Alors on repartira, mais pas tout de suite.

Et si tout cela n’était qu’un rêve ?

Pour continuer de voyager, on a décidé de s’organiser des soirées thématiques. Une soirée par pays où on visionne toutes les photos, on relit le journal de bord, et on mange des spécialités culinaires de ce pays. C’est au cours de notre première soirée, portant sur notre passage de 2 semaines au Brésil, que la vérité m’a sautée aux yeux : personne ne pourra jamais comprendre ce qu’on a vécu pendant ce tour du monde. Pourquoi ? Parce que même moi j’ai du mal à y croire ! J’ai pourtant toutes les preuves que ce tour du monde s’est bien réalisé, et pourtant, il semble si lointain… Parfois, je me demande si tout cela a vraiment existé, si ce n’était pas simplement un long rêve. Loin d’être rose tous les jours, ce rêve est pourtant l’expérience la plus excitante que j’ai jamais vécue.

 

Le cerveau a cette incroyable faculté d’atténuer les souvenirs douloureux pour nous permettre de continuer à vivre heureux. C’est donc non sans surprise qu’à l’heure actuelle, je me demande parfois pourquoi on était si fatigués et si nerveux à la fin. J’en viens même à me dire que l’Inde n’était pas si terrible que ça, c’est pour dire ! Faut-il s’éloigner et ressentir un manque pour avoir envie de retrouver notre vie quotidienne ? Peut-être bien…

 


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4 commentaires

  • Je te comprends totalement !! J’ai eu exactement le même sentiment en rentrant de 8 mois en Nouvelle-Calédonie … Je me demande encore si cela s’est réellement passé ou si ce n’était qu’un joli rêve ! Et plus les mois passent plus cela semble lointain et n’être qu’un souvenir. C’est dur mais il faut trouver les bons côtés au fait d’être rentré, et puis comme tu dis, c’est pour mieux repartir 🙂

    • Merci pour ton témoignage Cindy ! C’est déstabilisant, c’est sûr, mais ça fait partie de notre vie et ce n’est pas négatif, loin de là ! On est tellement heureux d’avoir pu vivre tout cela… Et la vie nous réserve sûrement encore de belles aventures à tous

  • Coucou ! Je me demandais si vous étiez rentré ou pas encore et je lis ton article. Je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris après avoir été nomade pendant 16 mois. Pour ma part, j’avais repris une activité professionnelle tout de suite à notre retour ce qui m’a permis de ne pas trop intellectualisé la chose mais quelques mois plus tard la claque n’en a été que plus forte. Pour la première fois depuis presque 2 ans et demi je me retrouve dans « l’ennui » et japprend à vivre avec. Même si toutes les photos sont triées il nous reste plusieurs vidéos à traiter et publier ! Mais ce n’est que du plaisir de revoir tout ça 🙂 J’aime beaucoup l’idée des soirées thématiques ! Bises à tous les deux

    • Coucou Laura,
      Merci pour ton petit message ! C’est sur que réattaquer des projets concrets est le meilleur moyen de se remettre en selle. Mais il ne faut minimiser l’impact du changement de vie, de rythme et tout ce qui va avec ! La prochaine étape sera de se refaire plaisir avec des petites excursions régulières ! Bises

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